Saint-Antoine de New Bedford, Mass, Part 4

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Publication date: 1913
Publisher: Montreal, Que. : Imprimerie du Messager
Number of Pages: 232


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dans les rayons du soleil ;- ce sont les larmes de la nuit dans les sourires du jour.


Ce spectacle se refait sous la voûte de nos églises.


Un soir de bénédiction du saint Sacrement, un homme est venu s'agenouiller dans la nef. La nuit s'est faite et l'orage des passions a éclaté dans son âme sceptique ou jouisseuse. La vie y est lourde, car c'est un rude poids à porter que le remords.


Mais voici: le soleil des tabernacles va pa- raître; il monte sur l'autel dans les rayons de l'ostensoir. L'atmosphère du temple devient alors lucide et émouvante; la lumière du Christ pénètre ce cœur et fait étinceler tout ce qui y reste encore de sensible et de généreux : les sou- venirs, les doux reproches, les chers appels de retour. Les regrets s'accumulent dans cette âme débordante, quand, tout à coup, les mélo- dies de l'orgue s'élèvent en frémissant. Elles passent comme un vent du ciel, secouent ce cœur tremblant, et des larmes coulent des yeux.


Vibre, oh! vibre encore, instrument de Dieu, puisque tu fais tomber la pluie des repentirs


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dans la lumière de la foi, les larmes de l'amour à travers les sourires de l'espérance! Vibre et fais chanter dans un ensemble sublime toutes tes voix : voix de l'Église, voix du ciel et voix de la terre, toutes les puissances de l'éloquence et de la beauté, harmonisées avec tout ce qu'il y a de plus surnaturel dans l'âme et de plus sensible dans le cœur de l'homme!


Le lendemain du concert, toutes les gazettes furent unanimes dans leurs éloges. Jamais peut- être les journaux anglais ne firent pour les Cana- diens pareils frais d'études, d'analyses et d'ad- miration. L'un d'eux, le Times, profita de l'oc- casion pour faire une innovation, qui prouve son esprit d'initiative et est tout à son honneur. Se souvenant que cette fête musicale était sur- tout française, il publia une partie de son compte-rendu et tout le sermon du P. Lalande dans les deux langues.


Quelques jours plus tard, M. Deslauriers, voulant profiter une fois de plus de l'église,


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comme salle de concert, avant qu'elle ne fut dédiée au culte, donna une répétition partielle de la soirée du 10 septembre. De nouveaux ar- tistes se joignirent à ceux de la paroisse; et ce fut un nouveau succès complet.


Aux recettes de ses concerts, le Curé voulut en ajouter d'autres. Et il se mit à l'organisation d'un bazar. Ce fut un long travail, et pénible. Plus d'un s'est demandé comment il pouvait, malgré l'aide de ses vicaires, y résister. Courses, sollicitations de toutes sortes, sacrifices d'argent, de temps et de peine, quêtes, encouragements, reproches et félicitations, tout fut mis en œuvre pour réussir. Le bazar apporta $7,000 dans la caisse, et de la joie plein le cœur de tout le monde.


Le bazar achevé, on posa, dans l'église où il avait eu lieu ainsi que les deux concerts, les bancs, les tapis, les garnitures d'autel, les der- niers décors,-et tout fut près pour la grande fête de la dédicace.


La Dédicace


Avec l'esprit d'organisation qui le caractérise, son expérience, son habileté à tout prévoir et à embrasser du même coup d'œil l'ensemble et les détails; avec la confiance surtout que donnent de nombreux succès et la sûreté joyeuse de l'homme qui touche enfin au but longtemps désiré, M. Deslauriers fit sans rien oublier tous les préparatifs pour la bénédiction de son église. Il comprit, comme tous ses amis, que cette fête sortait du cadre ordinaire, et qu'elle intéressait tous ceux qui travaillent à la gloire de l'Église et à la cause très chère des Franco-américains de l'Est. Il fallait donner de leur vitalité et de leur esprit chrétien une preuve éclatante et qui resterait. Les témoins devaient en venir de partout. Leur témoignage devait être una- nime, sans restriction.


Maintenant que la démonstration appartient à l'histoire, tous ceux qui ont eu le bonheur d'y assister peuvent assurer le curé de Saint-Antoine


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qu'il a réussi en tous points. La fierté bien légiti- me des paroissiens est un peu celle de tous les assistants, des étrangers eux-mêmes,-si toute- fois, dans une pareille fête, on peut dire qu'il y avait des étrangers.


M. Deslauriers envoya plus de cinq cents let- tres d'invitation : aux archevêques d'abord et aux évêques du Canada et des États de l'Est, aux représentants de l'autorité religieuse et ci- vile du diocèse de Fall River et de la ville de New Bedford, à tous les prêtres canadiens de la Nouvelle-Angleterre. Évêques, prélats et prêtres vinrent de Québec, d'Ontario, de l'Aca- die, de l'Ouest américain, de tous les diocèses de l'Est. Ceux qui ne purent se rendre en expri- mèrent au Curé, avec leurs souhaits et leurs félicitations, tous leurs regrets.


La fête eut lieu le 28 novembre 1912,-jour de fête civique, aux États-unis.


Au programme étaient inscrits trois messes, un banquet, un concert d'orgue, les vêpres so- lennelles et le salut du saint Sacrement.


Et pour que tous les paroissiens prissent part à la fête, il devait y avoir, le lendemain matin,


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une messe pour les enfants, avec allocution par Mgr Paul Roy.


Ce programme avait été distribué longtemps à l'avance, avec les lettres d'invitation.


Nous ne saurions mieux faire, pour garder le souvenir de cette célébration, que de recueillir dans les quatre journaux principaux de New Bedford: L'Écho, le Journal, le Times, le Stand- ard, les notes et comptes-rendus qu'ils en ont publiés. Ils se complètent mutuellement. Nous ne ferons guère que les citer, avec les trois allo- cutions des évêques et le texte complet du ser- mon du P. Louis Lalande, reproduit par l'Écho.


La dédicace de l'église Saint-Antoine, dit le Journal, a donné lieu, hier, à une fête inoubli- able. Un archevêque, Mgr Bruchési, six évêques : Nos Seigneurs Feehan, de Fall River, Larocque, de Sherbrooke, Émard, de Valleyfield, Brunault de Nicolet, Roy, de Québec et Da Sylva, de Lisbonne en Portugal,-plusieurs protonotaires apostoliques, prélats romains et grands-vicaires, près de deux cents prêtres des Etats-Unis et du Canada, rehaussaient de leur présence l'éclat


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des cérémonies. De l'avis de tous, cette démons- tration religieuse est la plus belle et la plus im- posante qu'on ait vue à New Bedford.


La journée a été bien remplie. Dès 7 heures du matin, plus de deux mille personnes se pres- saient dans la vaste nef illuminée à giorno. Aux trois messes, il n'y avait pas un siège de vide La tribune elle-même était comble. Il faut en dire autant de l'exercice religieux de la soirée.


Tous les paroissiens de St-Antoine avaient tenu à démontrer à M. le curé Deslauriers qu'ils appréciaient le dévouement sans bornes et le ta- lent dont il a fait preuve.


On peut dire que la Thanksgiving a été une journée triomphale pour la paroisse. Pasteur et fidèles ne pouvaient faire plus grand ni plus beau. Le souvenir de cette fête incomparable restera vivant dans toutes les mémoires.


Plusieurs évêques ont adressé la parole du- rant la journée. Quant au Rév. Père Louis La- lande, Jésuite de Montréal, il a fait un sermon magistral. Durant plus d'une demi-heure, l'é- loquent orateur sacré a tenu son auditoire sus- pendu à ses lèvres.


MGR PAUL LAROCQUE Évêque de Sherbrooke


La Première Messe


La messe de 7 heures a été célébrée par Mgr J .- A. Prévost, curé de Notre-Dame de Fall Ri- ver. Le programme musical comprenait les morceaux suivants rendus avec beaucoup d'art :


Tota Pulchra Es Belgens


Mlle Antoinette Robert


Ave Maria . Dana


Mlle Juliette Normandin


O Salutaris Panofka


Mlle Yvonne Phaneuf


Le chœur était habilement dirigé par M. Os- car Fontaine. Le distingué musicien est trop avantageusement connu pour qu'il soit néces- saire d'en faire ici l'éloge.


Après l'évangile, Mgr J .- M. Emard, évêque de Valleyfield, Canada, a prononcé la magni- fique allocution suivante, dont il à bien voulu nous remettre le texte.


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MES BIEN CHERS FRÈRES,


Voici que se lève pour vous un jour mémo- rable et dont l'impression profonde restera longtemps gravée dans vos âmes. Tout à l'heure vous assisterez à la bénédiction solennelle de votre église. Les prières liturgiques auront par là donné à cet édifice superbe toute la signifi- cation qu'il doit avoir au regard de Dieu et des hommes, et désormais, cessant d'être une cons- truction profane, il commencera, pour ne jamais la suspendre, sa mission toute surnaturelle.


En effet, il n'est rien sur la terre qui résume mieux, pour les exprimer plus parfaitement, les aspirations les plus nobles de l'âme et les senti- ments les plus religieux de l'humanité, que le sanctuaire catholique; comme rien non plus ne saurait faire davantage connaître les opérations merveilleuses de la miséricorde divine, dont il devient par le fait le foyer et la source.


Mes frères, je contemple en l'admirant votre église. Et alors je me représente le zèle infati- gable du pasteur, le concours intelligent, dévoué, constant de ses aviseurs, la piété généreuse, iné-


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puisable de ses ouailles. Je vois ensuite le talent, le génie et le savoir unis dans la recherche du plan qu'il faudra réaliser pour obtenir, dans d'harmonieuses combinaisons des détails, cet ensemble où l'œil n'aperçoit que les lignes les plus pures et les plus belles proportions. Puis, maçons, charpentiers, couvreurs, peintres, tous les métiers et tous les arts, répondent tour à tour à l'appel, et cette armée d'ouvriers semble comprendre par son travail consciencieux et digne que l'œuvre qu'elle fait n'en est pas une banale, mais qu'elle s'élève notablement par son caractère au-dessus de celle qu'elle accomplit ailleurs chaque jour.


Aussi voyez, sur de puissantes assises s'élè- vent de fortes murailles qui semblent bâties pour des siècles, de nombreuses colonnes supportent avec grâce des voûtes faites de majesté et de grandeur. Tout autour, des verrières à travers lesquelles passe une lumière tamisée par le sym- bole, adoucie par le mystère. Du portail à l'ab- side, du seuil à l'autel, et dans tous les sens, on respire une atmosphère qui n'est plus celle du dehors, ni des maisons ordinaires; on la sent


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toute spirituelle, religieuse, surnaturelle. Les tours elles-mêmes, le campanile, la croix qui termine une flèche audacieuse, tout sert à bien définir le cachet très spécial du monument qui vient de s'élever parmi vous, à votre honneur et à la gloire de Dieu.


Puisqu'il s'agit d'une église paroissiale, c'est dans son enceinte que viendront s'accomplir les actes les plus solennels de la vie des âmes et que viendra s'écrire en une série de dates qui la par- tagent l'histoire de chaque famille.


Ici, à sa naissance, chaque enfant viendra renaître à la vie surnaturelle, ici à l'épanouisse- ment de sa raison, il viendra faire acte personnel de foi, d'amour; ici au pied des autels viendront se contracter ces engagements sacrés qui fondent le foyer catholique; ici encore aux heures des grandes joies ou des profondes tristesses le chrétien viendra, attiré par l'amour ou poussé par la piété, exhaler son âme en des chants de louanges ou en des supplications ardentes. Et jusqu'àprès son dernier soupir, sa dépouille mor- telle y sera portée pour y être l'objet des rites suprêmes de la religion qui fermera comme elle


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l'avait ouvert le cours de son existence ici-bas.


Il y a plus, ce qui est vrai de chaque fidèle, de chaque famille, s'applique à toute la paroisse. L'église existe surtout pour la réunion des fi- dèles groupés autour du pasteur. C'est le culte public. Le peuple est convoqué, les nefs se rem- plissent, c'est le jour du Seigneur. Dès l'entrée dans le temple tout disparaît de ce qui pouvait jusque-là diviser, séparer; la divergence des opinions est d'ordre précaire, ici c'est l'unité et par conséquent l'union dans la foi. Il n'y a qu'une seule et même vérité, elle est la même pour tous. Les oppositions, les discordes, les luttes, les rivalités, tout ceci appartient aux choses profanes. Dans l'église plus rien que la charité, que l'amour; c'est le même Dieu, c'est le même prêtre, tous ayant les mêmes droits au même amour et aux mêmes bienfaits. La diver- sité des classes sociales, résultant de la richesse ou de la pauvreté, de l'instruction ou de l'igno- rance, ou de l'une quelconque de ces multiples causes de tant d'inégalités parmi les hommes dans le monde, disparaît ici comme par enchan- tement, Petits ou grands, mendiants ou million-


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naires, magistrats ou plébéiens, tous tant que vous êtes, avec tout ce que vous possédez, ou malgré tout ce qui vous manque, vous êtes tous ici sur le même plan, assis au pied d'une même chaire, agenouillés côte à côte devant un seul autel, entendant une parole qui porte à tous les mêmes accents, et vous viendrez au jour marqué prendre part indistinctement au banquet sacré, là où se manifeste et s'affirme la parfaite égalité des âmes, toutes créées par Dieu, rachetées par son sang et appelées par lui à la même gloire.


Mais avec tout cela, mes chers frères, l'église serait incomplète si rien de plus ne venait, d'une part atteindre en elle l'entière réalisation des figures et des symboles qui faisaient toute la gloire passagère du temple de l'ancienne loi, de l'autre l'élever elle-même par un privilège exclusif au-dessus de toute autre maison, même ayant un caractère religieux, mais qui cependant ne saurait jamais prétendre à la possession du même trésor.


Et c'est en cela, plus encore que dans tout le reste, que consiste véritablement et en défini- tive le caractère propre de l'église catholique.


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Dieu y descend, il s'y enferme, il l'habite, il y demeure, il y agit. Le Verbe incarné, le Dieu- Homme, Jésus-christ y réside aussi véritable- ment qu'à Bethléem, à Nazareth ou à Jérusalem. Il y est en accomplissement de sa promesse, pour la satisfaction de son cœur, par la vertu de son sacrifice, dans la réalité eucharistique. Il y vit dans le renouvellement perpétuel de ses mys- tères. Le tabernacle, c'est la crèche, c'est l'humble demeure familiale, c'est le Thabor, c'est le cénacle, c'est le Golgotha. Sur l'autel, Jésus, notre Dieu, notre Père, notre Sauveur, devient notre intercesseur en permanence. C'est de là qu'il prie et qu'il prêche, qu'il accueille, qu'il guérit et qu'il pardonne. C'est là qu'il in- vite les âmes qui souffrent et qui peinent, il y promet ses consolations et sa grâce.


Votre église est donc dans toute la force du terme un sanctuaire. Celui que l'immensité des cieux ne saurait contenir daigne s'y enfermer par le triple miracle de sa puissance, de sa sa- gesse et de son amour.


Comme il avait accepté l'hospitalité de Za- chée, Jésus accepte celle de la maison qui est la


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vôtre, dans laquelle il veut vivre avec vous et dès lors, le temple catholique l'emporte et infi- niment sur tous les autres, quelque puissent être d'ailleurs leur beauté et leur richesse.


Le tabernacle de nos églises, voilà donc le véritable buisson ardent d'où s'échappe et ray- onne la flamme de l'amour divin pour nos âmes. C'est ici l'arche d'alliance définitive dont l'autre n'était qu'une faible image et qui marque bien l'union désormais conclue entre le cœur du Christ et l'humanité rachetée. C'est ici le Saint des saints, c'est-à-dire le Dieu de toute sainteté qui ne saurait se contenter de quelques anges d'or aux ailes étendues, mais veut avec lui toute sa cour céleste pour lui prodiguer des louanges et des adorations dans un même cantique de triomphe et d'amour.


Mais ce qu'il veut aussi, ce qu'il veut surtout peut-être, c'est l'hommage de notre piété affec- tueuse et confiante; tout le respect, toute la défé- rence dont nous entourons d'ordinaire les per- sonnes qui ont pu acquérir les meilleurs titres aux sentiments les plus élevés de notre cœur ne sont rien en comparaison des droits que possède


MGR MÉDARD ÉMARD Évêque de Valleyfield


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Jésus, notre Dieu, devenu notre hôte et se fai- sant notre bienfaiteur de chaque jour. A Lui donc la pleine possession de notre cœur, dans la profession constante de la foi la plus vive, de l'amour le plus ardent, sachant d'ailleurs qu'en vivant aussi étroitement avec nous, il fait de son tabernacle sur la terre le portique du ciel où il veut nous introduire pour y demeurer éternel- lement avec lui dans la gloire, ce que je vous souhaite à tous d'obtenir par l'intercession de la Très Sainte Vierge, sa Mère. Ainsi soit-il.


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Messe de neuf heures


Celle-ci fut chantée par Mgr J .- E. Meunier, de Windsor, Ontario. En voici le programme musical :


Ave Verum. Ham


Chœur des Demoiselles


O Salutaris


Panofka


Mlle Yvonne Phaneuf


Panis Angelicus . Eslava


Chœur des Demoiselles


Mgr Roy, évêque auxiliaire de Québec et re- présentant de Sa Grandeur Mgr Bégin, pronon- ça l'allocution de circonstance.


Il prit pour texte ces paroles du Psaume 101, verset 1er: Lætatus sum in his que dicta sunt mihi, in domun Domini ibimus. «Les paroles qui m'ont été dites m'ont comblé d'une grande joie, car je vais pouvoir enfin aller dans la maison du Seigneur. »


Il sut développer ce texte avec éloquence,


MGR PAUL-ÉMILE ROY Évêque auxiliaire de Québec


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justesse et pureté d'expression, profondeur de pensée.


Il établit un magnifique parallèle entre le temple de Salomon et celui de St-Antoine de New Bedford. Il compara avec autant de jus- tesse que de raison M. l'abbé H. Deslauriers, l'habile et dévoué curé de St-Antoine, au roi magnifique, à Salomon le Grand, ce prince à qui Dieu avait donné en partage la sagesse et la fortune, et qui, sur l'ordre même de Jéhovah, édifia des plus précieux matériaux, le temple glo- rieux qui fut le symbole de l'alliance nouvelle que Dieu contracta avec son peuple choisi.


Le peuple juif, peuple chéri de Dieu, erra pendant longtemps. C'est à peine s'il pouvait planter quelque part sa tente et, sur un autel improvisé, rendre à son Créateur le culte qui Lui était dû.


C'est alors que l'Être suprême dit au roi de son peuple privilégié : « Je veux que mon peuple plante ici sa tente, qu'il y dresse un temple à la gloire de mon nom. »


Et Dieu fit connaître lui-même à Salomon quels seraient les plans du nouvel édifice sacré.


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Il lui apprit quels matériaux, or, marbre, por- phyre, pierres précieuses, entreraient dans sa construction, et tous les détails de celle-ci.


Salomon se mit à l'œuvre, guidé par l'inspi- ration divine, le temple magnifique fut élevé et il fut le grand symbole du pacte, de l'alliance intime que Dieu contracta avec le peuple qu'il s'était particulièrement choisi.


De nos jours, le Maître du ciel et de la terre a choisi de nouveaux Salomon et il a dit: «Le peuple canadien-français est mon peuple à moi. Il a erré pendant assez longtemps dans ce pays où il est venu chercher une subsistance plus fa- cile. Pendant ces nombreuses années, il a pu à peine planter sa tente pour un jour. Je veux maintenant qu'il y fixe sa demeure, qu'il y élève des temples sur les collines, dans les val- lées et sur les rives de ces beaux fleuves.


«Votre vénéré curé, qu'on peut justement comparer à Salomon, a suivi les plans que Dieu lui avait tracés et aujourd'hui, un pontife fera la dédicace de ce moment qui vient d'être para- chevé.


« Il a fait appel à votre foi, à vos cœurs, chré-


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tiens comme le sien, et vous avez répondu no- blement à cet appel.


«Aussi, ce temple merveilleux, dont chacune des richesses nous éblouit, est-il le résultat de votre charité, de votre espérance, de votre foi.


«C'est la bonne charité que la vôtre, celle-là qui consiste à se donner soi-même.


«Ce sol de la Nouvelle-Angleterre est recou- vert d'usines et de fabriques qui proclament la prospérité de l'or, mais qui aussi, hélas! ne nous parlent que peu de Dieu.


· « Il fait donc bon de pouvoir parfois jeter les yeux sur un édifice qui nous parle de notre Dieu, de notre sainte religion, de nos fins dernières, qui nous dit qu'ici-bas, nous n'avons point de de- meure permanente.


«Quand vous serez courbés vers la terre, quand vous vous sentirez trop épris des intérêts matériels, quand vos âmes fatiguées ploieront sous le fardeau de la vie, je vous en supplie alors regardez la croix de votre clocher. On l'a placée bien haut afin que vos yeux n'aient pas de peine à l'apercevoir.


«Offrez à Dieu ce que ce temple signifie.


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Offrez-Lui votre charité, votre espérance, votre foi.


«Et Dieu acceptera votre offrande généreuse et Il dira: «Mon peuple choisi m'a offert ce temple magnifique pour la gloire de mon nom et j'accepte son offrande. Je promets que mes en- fants ne m'y demanderont jamais quelque chose sans que Je le leur accorde. Je les couvrirai de mes bénédictions, eux et leurs enfants, et je forme avec eux un pacte qui est à la vie, à la mort. »


« Puisse-t-il en être ainsi, mes frères, en cette vie et en la vie éternelle.


«Nous prenons part à votre immense joie, nous de Québec, de Montréal, d'Ontario et d'A- cadie, en ce jour, nous sommes venus nous as- seoir avec vous dans la maison du Seigneur, et notre joie égale bien la vôtre.


«Car nous aussi, nous nous sommes réjouis lorsque la bonne nouvelle nous est parvenue, disant que le temple de Salomon était prêt et que le Pontife allait en faire la dédicace solen- nelle. Nous avons été heureux parce que nous allions pouvoir nous joindre à nos frères bien-


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aimés de New Bedford, prendre part à leur joie et entrer avec eux dans ce temple glorieux, fruit savoureux de leurs sacrifices et de leur admi- rable charité: «Lætatus sum in his que dicta sunt mihi in domum Domini ibimus.»


Bénédiction et Messe pontificale


La messe pontificale fut précédée de la béné- diction solennelle de la nouvelle église, par Mgr D .- F. Feehan, évêque de Fall River. La pro- cession, formée de deux cents enfants de chœur, de tous les prêtres invités à la fête, des prélats et des évêques, fit son entrée et défila dans les nefs vers dix heures et demie.


Mgr Feehan procéda immédiatement aux cérémonies liturgiques de la dédicace; puis il revêtit les ornements pontificaux et commença la messe. Il était assisté par M. l'abbé Payette, de Longueuil, et par M. l'abbé Cain, diacre et sous-diacre d'office. Le R. P. Béliveau, O. P., de Fall River, et M. le chanoine Cousineau, de Montréal, étaient les diacre et sous-diacre d'hon- neur. Mgr Cassidy, vicaire-général du diocèse, était le prêtre assistant de Sa Grandeur. Pour maîtres des cérémonies: MM. les abbés Carr, chancelier, et Clerk, vicaire à Saint-Antoine; cérémoniaire: M. l'abbé Louis Prévost; accoly-


MGR D. F. FEEHAN Évêque de Fall River


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tes: MM. les abbés Charles Lemieux et Osias Boucher.


Dans la nef, on remarquait, aux premiers rangs, les religieuses de Sainte-Croix, Son Hon- neur le maire Ashley, M. et Mme Napoléon Des- lauriers, le procureur du district, M. J .- T. Kenney, M. Cotter, les avocats de Saint-Antoi- ne, les échevins et les conseillers de la ville de New-Bedford. .


Un chœur d'une centaine de voix rendit, sous la direction de M. Oscar Fontaine, le pro- gramme suivant :


Kyrie, Gloria et Sanctus de la messe de Perosi, par le chœur des hommes.


Offertoire: Tu es Petrus, Opus 72, par L .- J .- O. Fontaine.


Soliste : E. Lemieux, basse.


Credo, Agnus Dei, par le chœur des hommes et des enfants.


Sermon


Après l'évangile, écrit l'Écho, le R. P. Louis Lalande, S. J., l'éminent prédicateur qu'on ne se lasse jamais d'entendre, prononça le magnifique sermon que nous reproduisons ci-après :


Deus in domibus ejus cognoscetur. Ps. XLVII.


MESSEIGNEURS, MES FRÈRES,


La dédicace d'une église est une fête qu'il faut célébrer avec des mots divins. Et c'est, aussi bien, ce que fait la liturgie catholique lorsque, répandant par la main de l'évêque ses bénédictions sur le temple nouveau, elle em- prunte aux Livres saints les textes les plus char- gés d'enseignements, les passages les plus su- blimes et les plus suaves, par lesquels l'Esprit saint ait fait aux hommes ses confidences.


La dédicace de votre église, mes chers frères de Saint-Antoine de New Bedford, devrait, à cette expression toute religieuse, ajouter, - et combien je regrette et me sens humilié de ne


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pouvoir la faire entendre dignement en votre nom, - ajouter l'expression d'une joie débor- dante de fierté, des chants où se mêleraient, dans un accord merveilleux, la reconnaissance, le pa- triotisme le mieux entendu, une générosité vic- torieuse, l'esprit de foi et d'amour montant en mesure triomphale vers le Seigneur.


Après avoir dédié cette église, votre évêque vous a dit, il me semble, en vous montrant d'un dernier geste de sa main bénissante, le temple achevé : mes enfants, c'est le but atteint, le terme vers lequel gravissaient depuis des années vos généreux efforts et vos rêves: chantez votre re- connaissance! Ce geste vous disait encore: vous avez bâti la maison de Dieu et de la prière, venez, dans la joie et l'union d'une même famille, abri- ter vos âmes sous sa voûte grandiose et parler à notre Père qui est aux cieux! Ouvriers de toutes les rudes tâches et de toutes les sueurs, voya- geurs de la vie, comme autrefois le peuple de Dieu à travers le désert, vous avez marqué- mieux que par des pierres - par des actes de foi vos étapes; puis vous vous êtes arrêtés un jour en vous disant : Hic locus a Deo factus est,


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voici le lieu marqué par Jéhovah, bâtissons-lui un temple! Nous y viendrons nous-mêmes cher- cher des heures de repos, un chez nous pour l'âme; nous en gravirons les degrés à l'appel du dimanche, aux soirs chargés de toutes les faci- gues de la vie, aux jours sombres, de larmes, d'épreuves et de deuil. - Nous y trouverons du courage pour les corvées du lendemain, des frères et des compagnons de route nous tenant par la main, des prêtres pour pardonner et bénir, la manne du ciel avec le Christ pour nourriture, et, du haut de la chaire, des paroles bonnes et douces comme l'espérance, des enseignements qui nous montreront le chemin de l'avenir, clairs comme la colonne lumineuse qui dirigeait Is- raël.




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